Статьи из парижского журнала "Военная Быль" (1952-1974). Издавался Обще-Кадетским Объединением под редакцией А.А. Геринга
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L’ECOLE SUPERIEURE DE GUERRE RUSSE. – Général d’infanterie CHKINSKY



(Article publié à loccasion du centenaire de l’Ecole Supérieure de Guerre instituée en 1832)

Le 26 novembre de cette année (1932) il y aura cent ans depuis linauguration en 1832 de l’Ecole Impériale Supérieure de Guerre, source de recrutement des effectifs de l’Etat-Major Général, qui sintitulait à lépoque la «Suite du Quartier Général de Sa Majesté Impériale».

Cet événement eut dans l’existence de l’Etat russe une signification extrêmement importante en tant que création d’une institution supérieure des sciences militaires qui, au cours de son existence, accomplit une œuvre immense et bienfaisante en dotant l’armée russe d’un grand nombre dofficiers de l’Etat-Major Général, parfaitement qualifiés, qui fournirent à la Russie une pléiade de serviteurs éminents dans divers domaines au service de l’Etat.

Le mérite de l’institution de l’Ecole Supérieure de Guerre revient entièrement à l’Empereur Nicolas I (1796-1855) qui la substitua à «Lécole des guides de colonnes» ne répondant plus à sa destination et supprimée comme telle en 1826 après 53 années dexistence.

Lidée d’une réorganisation de l’Etat-Major Général préoccupait l’Empereur dès le début de son règne, mais, empêché par les guerres en cours, il ne pût la réaliser quen 1832.

Le principal i collaborateur de l’Empereur dans ce domaine fut le général-aide de camp Jomini, dorigine suisse. Dès 1826 l’Empereur lui confia la charge dexposer ses considérations sur lenseignement des sciences militaires se rapportant à lart de conduire une «grande» guerre par l’institution d’une école de stratégie et de haute tactique. Le général Jomini présenta un mémoire dans lequel il développait l’importance de la stratégie en tant que science pouvant exercer une influence décisive jusque sur les destinées des Etats. Ce mémoire était accompagné d’un projet dinstitution à cet effet d’une école centrale. Deux ans plus tard le général Jomini soumit à l’Empereur un nouveau mémoire sur laménagement opportun de l’Etat-Major Général, mémoire dans lequel il précisait «quun bon Etat-Major Général était aussi important pour l’armée quun bon gouvernement pour le peuple». Jomini insistait sur l’institution pour l’Etat-Major Général d’une école supérieure de guerre sur le modèle de son projet décole centrale.

En octobre 1829, une fois la guerre avec la Turquie terminée, une ordonnance Impériale prescrivit la formation d’une commission, sous la présidence du général Jomini, chargée de létude du mémoire de ce dernier. La commission reçut des instructions pour que l’institution prévue ne fut pas exclusivement une école de l’Etat-Major Général, mais une école supérieure de guerre pouvant influer sur dautres organismes de notre armée.

Non sans lutte entre les membres de la commission qui défendaient l’organisation existante de l’Etat-Major Général et leur président lequel jugeait nécessaire de développer plus largement lenseignement des sciences militaires, «le projet de l’institution d’une école supérieure de guerre» fut enfin élaboré et après quelques remaniements ratifié par ordre Impérial le 4 octobre 1830 sous le titre de «Statut de l’Ecole Supérieure de Guerre». Dans une lettre adressée au Ministre de la Guerre, le général Jomini disait que «malgré une certaine divergence entre le projet soumis et les principes élaborés ultérieurement, ce projet promettait de fournir à la Russie les meilleurs officiers dEtat-Major de lEurope».

Malgré la participation dans lélaboration du Statut de personnalités en désaccord avec le général Jomini, ce sont les idées de ce dernier, soutenues par l’Empereur, qui triomphèrent. On peut à ce titre approuver le point de vue du général que «notre Ecole Supérieure de Guerre devrait surclasser toutes les institutions du même ordre existant à létranger».

Le Grand Duc Michel Pavlovitch (frère de l’Empereur) reçut le titre de «Président Honoraire de l’Ecole». Le général aide de camp Soukhosanète en fut nommé directeur. Nayant jamais appartenu à l’Etat-Major Général, cétait un officier de l’armée active. Rigoureux en ce qui concernait la discipline et le service, d’une extrême énergie, il se distingua par une inlassable et très efficace activité tout au long des nombreuses années pendant lesquelles il occupa ce poste responsable.

Le 26 novembre 1832, jour de la St Georges, patron de l’Etat-Major Général, l’Ecole Supérieure de Guerre fut solennellement inaugurée. A la fin du Te Deum, l’Empereur parcourut tous les locaux de l’Ecole et se fit présenter dans les diverses salles respectives les membres du Conseil de l’Ecole, les fonctionnaires qui y étaient affectés et les 27 officiers nouvellement admis à titre de stagiaires. Très satisfait des aménagements de l’Ecole, l’Empereur voulut bien, dans un discours bienveillant, mais ferme, accuellir ces officiers en leur précisant l’importance de leur admission
dans la nouvele Ecole aussi bien que celle de leurs nouvelles obligations. La première  année des cours débuta le 29 novembre 1832. En 1854 une section de géodésie fut adjointe à l’Ecole ce que permit la formation déminents savants et dastronomes.

En résumant lactivité de l’Ecole Supérieure de Guerre sous le règne de l’Empereur Nicolas I, il faut reconnaître quelle accomplît au cours de cette période de vingt ans une œuvre prodigieusement fructueuse et réussit à fournir à l’EtatMajor Général des officiers parfaitement à la hauteur de leur tâche.

Cependant, l’orsque ces officiers réintégraient l’armée, leur activité en tant quofficiers brevetés dEtat-Major se trouvait reléguée au second plan et il ne leur était pas facile de trouver une application appropriée à leurs connaissances. Il faut dire quà cette époque les principes de la riche expérience acquise après les guerres napoléoniennes se trouvaient passablement oubliés, al’ors que le système de léducation et de linstruction des armées se dirigeait sur une fausse voie, les parades dominant sur linstruction tactique. Les succès de nos armées au cours des campagnes de Turquie, de 1828-1829, et de Pologne, de 1830-1831, arrivèrent à dissimuler les défauts de notre système militaire et à établir la conviction, de notre prétendu supériorité sur les systèmes des autres puissances. Seule la guerre du Caucase, englobant précisément cette période de 1832 à 1855, servit de parfaite école pratique pour les régiments et pour les officiers de l’Etat-Major Général engagés dans cette région. En se référant aux historiographes, on peut trouver une longue liste de brillants représentants de ce dernier, de même quune pléiade de noms aussi glorieux comme Milioutine, Kotzebou, comte Heiden, Nepokoïtchitzky, Radetzky, les barons Vrevsky et Delvig, etc. Les officiers de l’Etat-Major Général furent aussi les premiers pionniers de la découverte du Caucase. Ils affrontaient vaillament des monts inconnus tout comme les guides davant-garde qui dirigeaient leurs colonnes vers des cols inaccessibles et des repaires ennemis. Malheureusement, en dehors des limites du Caucase, ces exploits ne remédiaient nullement aux lacunes de notre système militaire ; la situation ne put se modifier quaprès une sérieuse épreuve comme celle de la guerre dOrient de 1853-1856. Lon connaît les échecs que nous subîmes sur le théâtre de guerre européen ; seules les troupes commandées par des chefs qui avaient acquis lexpérience des combats au Caucase remportaient constamment des victoires sur ce front. Quant aux officiers de l’EtatMajor Général, selon le témoignage des historiens, «ils firent preuve sur tous les théâtres de combats d’une connaissance parfaite de leur métier et, pour ce qui est du courage et de la valeur militaire, ils ne se laissèrent jamais surpasser par tous les glorieux participants de cette campagne > Cette appréciation est confirmée d’ailleurs par les paroles de l’Empereur Alexandre II (1818-1881) en 1855: «Jespère que l’Ecole Supérieure de Guerre saura, à lavenir, fournir des officiers aussi parfaits que ceux quelle a déjà donnés».

La guerre dOrient nous ouvrit les yeux sur nos sérieuses lacunes militaires. Le jeune Empereur Alexandre II sentoura de collaborateurs de talent pour élaborer de nouvelles réformes et entreprendre une réorganisation de l’armée et de l’Etat-Major Général, ce qui influa aussi sur l’Ecole Supérieure de Guerre. La participation la plus remarquable dans les réformes de l’EtatMajor Général et de l’Ecole Supérieure de Guerre incomba au Chef du Quartier Général de l’EtatMajor de Sa Majesté pour les Institutions denseignement militaire, le général-aide de camp Rostovtzeff, ainsi quau nouveau Ministre de la Guerre, nommé en 1861, le général aide de camp Milioutine. Leur premier acte fut de renforcer l’importance de l’Etat-Major Général. Les réorganisations les plus radicales débutèrent sous Milioutine. Comme suite au relèvement de l’importance de l’Etat-Major Général et des réformes effectuées dans son sein, il savéra nécessaire de réorganiser également lenseignement dispensé à l’Ecole Supérieure de Guerre afin de la transformer en Ecole Supérieure de l’Etat-Major Général. L’Ecole Supérieure dArtillerie et celle du Génie qui depuis les réformes du général Rosto vzeff, faisaient partie intégrante de l’Ecole Supérieure de Guerre, en furent séparées et subordonnées aux inspections générales de leurs armes respectives. Des instructions nouvelles furent données qui précisaient que laffectation essentielle de l’Ecole Supérieure de Guerre était la préparation au service dans l’Etat-Major Général. Le major-général Leontieff fut nommé directeur de l’Ecole. Depuis, l’Ecole commença à développer son activité selon les principes indiqués par le général Milioutine et devint le foyer et le centre d’une préparation universelle à des activités variées au département de la guerre et même bien au-delà de ses limites. En 1869, pour une meilleure préparation des officiers de l’Etat-Major Général, un «cours complémentaire» fut inauguré ce qui augmenta d’une année supplémentaire la durée des études à l’Ecole. Il est impossible dénumérer ici tous les efforts du général Milioutine accomplis pour rehausser l’importance de l’Eta-Major Général, dont les officiers brévetés, par un règlement spécial, ayant obtenu en 1865 force de loi, gagnaient un champ daction très étendu dans tous les domaines de lart militaire et aussi bien au-delà de ses limites, dans diverses branches de ladministration de l’Etat. Au cours de la guerre de Turquie de 1877-1878 l’Eta-Major Général remplit parfaitement la tâche pui lui avait été assignée et qui lui fut bienfaisante aussi bien quà l’armée.

Du haut du Trône les services de l’Etat-Major Général furent qualifiés «excellents» en tant que résultat de lactivité de l’Ecole Supérieure de Guerre qui obtint le 29 janvier les félicitations de l’Empereur adressées au directeur de l’Ecole, aux professeurs et aux enseignants.

Au cours de toute lépoque suivante de son existence, l’Ecole Supérieure de Guerre poursuivit son œuvre féconde en conservant invariablement comme base de son enseignement le système de Milioutine.

En 1901, après un séjour de 69 ans quai des Anglais à St Pétersbourg, l’Ecole fut transférée dans des locaux somptueux du Bvrd. Souvoroff dotés des aménagements perfectionnés bien mérités.

En 1909, l’Ecole SupérieurÂe l’Etat-Major Général reçut son ancienne dénomination «Ecole Supérieure de Guerre». Sous la direction du général Stcherbatcheff (1907-1912). La méthode française denseignement fut adoptée, qui donnait la priorité aux travaux pratiques.

Quant à lappréciation de lactivié de l’Ecole Supérieure de Guerre au cours de la seconde période de son existence, il faut reconnaître quelle accomplit un immense travail et dota l’Etat-Major Général russe d’excellents officiers qui œuvrèrent non seulement dans le domaine militaire mais aussi dans toutes les branches de ladminisration de l’Etat, justifiant pleinement lidée concue par le général Milioutine.

Général d’infanterie CHKINSKY



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