Статьи из парижского журнала "Военная Быль" (1952-1974). Издавался Обще-Кадетским Объединением под редакцией А.А. Геринга
Saturday July 27th 2024

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Ordres et decorations de la guerre civile 1917-1922 (suite). – S. ANDOLENKO



I. Russie méridionale

ARMEE DES VOLONTAIRES GENERAL KORNILOV

FORCES ARMEES DE LA RUSSIE MERIDIONALE GENERAL DENIKINE

ARMEE BLANCHE RUSSE GENERAL WRANGEL

 

1. INSIGNE DE LA PREMIERE CAMPAGNE DU KOUBAN (Campagne Glaciale)

Description de l’insigne

Couronne dépines de 30 mm de diamètre en argent oxydé, traversée de bas en haut et de gauche à droite par une épée en même métal de 50 mm de long ; lenvers est uni avec inscription du numéro d’ordre du décoré.

Pour les militaires de tous grades ayant pris part aux combats contre les bolchevistes — ruban de l’ordre de St Georges sur lequel sont portées en rosette les couleurs nationales (blanc, bleu, rouge).

Pour les auxiliaires et les civils nayant pas pris directement part aux combats — ruban de l’ordre de St Vladimir (rouge avec deux rayures noires), avec en rosette les mêmes couleurs nationales.

Ordre du Jour de l’armée des volontaires № 499. 1918.

Arrivé le 15 novembre 1917 à Novotcherkassk, le général Alexeïev, ancien généralissime, procéda aussitôt à la formation dunités de volontaires anti-bolchevistes. Le 19 décembre, un autre ancien généralissime, le général Kornilov, le rejoingnit et fut chargé du commandement de ces unités qui reçurent le nom darmée des volontaires.

Vers la fin janvier 1918, cette armée, dont le nombre à lépoque ne dépassait pas 2.000 hommes, fut transférée à Rostov. En février, d’importantes forces de l’armée rouge, venant du nord, attaquèrent violemment la région du Don. Ne comptant plus sur lappui des cosaques du Don, 1e général Kornilov traversa le Don dans la nuit du 20 au 21 février et concentra ses troupes dans la stanitza (village de cosaques) Olguinskaïa. Ces dernières comprenaient trois régiments: régiment dinfanterie dofficiers, du général Markov, régiment de choc Kornilov, du colonel Nejentzev, régiment dinfanterie de partisans, du générai Bogaïevsky ; un bataillon délèves des Ecoles Militaires et un bataillon de génie ; quatre batteries de deux pièces et quatre groupes de cavalerie, sous le commandement respectif du colonel Guerchelmann, du colonel Glasenapp et du lieutenantcolonel Kornilov. Cette armée comptait al’ors 4.000 combattants.

Poussée par lamour pour sa patrie et par la confiance en son chef, cette poignée dhommes à peine armés, sans lespoir de secours, sans renforts, sans armements, affronta la vague rouge dans une campagne qui représentait un exploit sans pareil. Les grandes épreuves dun grand pays engendrèrent cette poignée de héros au grand courage.

Le 28 février, l’armée se dirigea vers la région du Kouban où, vers la fin de mars, seffectua sa jonction avec le détachement du Kouban du général Pokrovsky, ce qui éleva ses effectifs à 6.000 hommes. Avançant toujours en combats incessants les volontaires assiégèrent Ekaterinodar ; le général Korniloff fut tué le 13 avril devant cette ville et son successeur, le général Denikine fut forcé de lever le siège et de retirer ses troupes. Ayant atteint le village Ilynska les volontaires apprirent que linsurrection avait éclaté dans la région du Don. Le 4 mai 1919, sous le commandemant du général Denikine, l’armée se regroupa à nouveau auprès de la station Metchetinsky ; assurée de posséder enfin des arrières elle put évacuer ses blessés vers Novotcherkassk et se regrouper en unités de combat.

Pour commémorer le courage et la vaillance manifestés par les volontaires au cours de cette campagne (qui dura 80 jours) «lInsigne de la Première Campagne (Glaciale) du Kouban» fut institué pour tous les grades de l’armée par l’Ordre du Jour № 499 (1918) signé par le commandant en chef des Forces armées, le général Denikine.

Voici un extrait de l’Ordre du Jour № 23 de lAssociation des combattants des armées russes signé à Bruxelles le 19 août 1939: «Afin de conserver à jamais pour les générations futures le souvenir de la Première Campagne du Kouban, — le droit de porter l’insigne commémorant cette campagne est transmis, après la mort du décoré, à laîné de ses descendants direcs, ce droit nétant pas accordé automatiquement, mais devant être confirmé par décision du Conseil de lAssociation des combattants de cette campagne»…

2. PLAQUE ET INSIGNE DU REGIMENT DE CHOC KORNILOV.

 

Description de l’insigne

Croix équilatérale en argent recouverte démail noir avec, tout autour, une bordure blanche. La croix est posée sur une couronne dépines en argent oxydé, traversée en dessous par une épée en argent à manche doré (de gauche à droite). Au centre de la croix — un écu bleu-ciel (emblème du régiment) avec les mêmes dessins que sur la plaque, mais avec les épées baissées et sans date. Tous les dessins sont dorés.

Il ne paraît pas possible détablir par qui et à quel moment cet insigne a-t-il été instauré.

 

Description de la plaque

Plaque estampée en argent représentant la copie de la brassière-emblème portée par les combattants de ce régiment, sur la manche gauche, à l’épaule. Plaque en forme décu représentant au centre un crâne surmontant deux os entrelacés, avec au-dessus une inscription en arc «Kornilovtzy» et en dessous deux épées croisées entre lesquelles une grenade fumante apparaît. Tout en bas — une inscription «1917-18» ; lenvers est uni ; la plaque de 2 12 sur 3 1 2 cm se porte sur une chaîne.

La formation du régiment date encore de la Grande Guerre de 1914-1917, l’orsque fut inaugurée sur le projet du capitaine Nejentzev, en juin 1917, au sein de la 8ème armée commandée par le général Kornilov, cette unité qui sétait brillamment signalée dans les combats fut déployée en un régiment de 4 bataillons nommé régiment de choc Kornilov. Le 16 août 1917, tout le régiment, en récompense de ses succès sur le front sud-ouest, fut décoré de la croix de St Georges. Après lassassinat par les bolchevistes du généralissime, le général Doukhonine, et la débâcle complète au front, près de 600 hommes faisant partie du régiment Kornilov se rendirent par petits groupes dans la région du Don où ils reconstituèrent leur régiment sous les ordres du colonel Nejentzev et devinrent le noyau initial de l’armée des volontaires. En juin 1919 ils constituèrent la division Kornilov, comprenant déjà 3 régiments auxquels vint se joindre au cours de lhiver de 1919 le 4ème régiment de choc Kornilov, constitué à Azov et composé en majorité de mineurs de la région du Don. Après lévacuation de la Crimée pour le camp de Gallipoli la division fut réduite à un seul régiment — le régiment de choc Kornilov.

3. INSIGNE DU PREMIER REGIMENT DINFANTERIE DOFFICIERS DU GENERAL MARKOV.

4. INSIGNE DU GROUPE DÈBATTERlES MARKOV

Description de l’insigne

Croix de Malte en argent, recouverte démail noir, avec une bordure blanche étroite tout autour. Au centre de la croix — un rectangle noir traversé de 2 diagonales croisées et entouré dune couronne dépines. Aux extrémités de la croix des dates en argent: à lextrémité supérieure «12», à lextrémité inférieure «Fev.», aux extrémités latérales — «19», «18», cest-à-dire 12 février 1918.

L’insigne a sans doute été instauré après l’émigration.

Le régiment dinfanterie dofficiers fut formé sous le commandement du général Markov le 23 février 1918 et fut nommé le 27 mai 1918: 1er régiment dinfanterie dofficiers. Le 12 juin de la même année le général Markov fut tué au combat et, en commémoration de son souvenir, le régiment reçut le nom de 1er régiment dinfanterie dofficiers du général Markov. En juin 1919 le régiment constitua la division Markov, comprenant le 1er, le 2ème et le 3ème régiments dinfanterie du général Markov. Après lévacuation de la Crimée pour le camp de Gallipoli la division fut réduite à un seul régiment: le 1er régiment dinfanterie dofficiers du général Markov.

Description de l’insigne

Croix de Malte dorée en émail noir, bordée tout autour dun étroit liseré rouge ; la croix est posée sur une couronne dépines en argent oxydé ; les côtés horizontaux de la croix passent par-dessus la couronne, les côtés verticaux par-dessous. Au centre de la croix: une lettre dorée «M» capitale, du nom du parrain du régiment.

(L’insigne est validée par le généralissime de l’armée russe, le général Wrangel, le 30 août 1920).

Le 22 novembre 1917 une compagnie d’artillerie fut instituée dans la région du Don composée des élèves-officiers des Ecoles dArtillerie Michel et Constantin qui sy étaient repliés. Elle reçu le nom de «1ère batterie de marche MichelConstantin» et, l’ors de la campagne du Kouban, fut rebaptisée en 1ère batterie.

Le 11 juin 1918, la 1ère batterie se décomposa dabord en deux batteries et le 3 août en trois batteries, faisant ainsi partie du groupe détaché des batteries. Le 6 août 1918 la batterie fut mise sous le parrainage du général Markov et reçut le nom de 1ère batterie du général Markov. Le 4 avril 1919 le groupe de batteries constitua la 1ère brigade d’artillerie. En août 1919 elle devint brigade d’artillerie du général Markov. En 1920 en Crimée elle se dénomma brigade d’artillerie Markov et, après le repli au camp de Gallipoli, elle fut réduite à un seul groupe de batteries Markov.

5. INSIGNE DU REGIMENT D’INFANTERIE D’ALEXEIEV

Description de l’insigne Croix en métal blanc, avec les côtés verticaux allongés, partagée sur sa ligne horizonale en deux parties: supérieure en émail blanc, inférieure en

émail bleu ciel ; au centre de la croix: en ligature slave un «A» doré ciselé, capitale, du nom du parrain du régiment, le général Alexeïev ; au bas de la croix «1917», date de la création du régiment. Dimension de la croix: 4 cm sur 6 cm.

(L’insigne est validée par l’Ordre du Jour № 28 de lAssociation des combattants des armées russes le 22 décembre 1939).

Le régiment de partisans fut formé vers la fin de février 1918 dans la stanitza Olguinskaïa, de plusieurs détachements de partisans composés presque exclusivement détudiants, et de lycéens. Le régiment de cette jeunesse arbora les couleurs blanche et bleue. Le général Alexeïev mourut le 26 septembre 1918 et le régiment fut dénommé régiment de partisans du général Alexeïev. En juin 1919 le régiment aurait dû former une division ; cependant cette division narriva jamais à plus de deux régiments. En 1920, en Crimée, le régiment reçut son appellation définitive: régiment dinfanterie Alexeïev.

(à suivre) P. V. PACHKOFFPlaques regimentares et insignes de l’armée russeLe régiment tenait une place immense dans les mœurs de l’ancienne armée russe. Il représentait pour lofficier et bien souvent pour le soldat, une seconde famille. «Camarade de régiment» — terme qui en disait long. Les camarades de régiment se considéraient comme des frères et des amis, unis par des liens parfois plus solides que les liens familiaux. Lhonneur du régiment, lhonneur de luinforme faisaient partie des principes profondément incrustés dans les cœurs militaires. Tout le passé lointain de chaque régiment constituait pour lofficier un patrimoine transmis par ses prédécesseurs. Il était bien rare quun officier se fasse muter de son régiment pour rejoindre un autre. Il y servait depuis son premier grade jusquà celui de colonel. Une fois son service terminé, lofficier ne perdait jamais contact avec son régiment et demeurait jusquà sa mort membre de la famille régimentaire. Dans les régiments de la Garde le service se passait du père au fils, du grand-père au petit-fils. Chaque régiment possédait ses légendes, ses traditions, sa personnalité bien définie qui laissait son empreinte sur toute la vie de lofficier. Tout ce quun cœur humain peut apporter de radieux et de beau était déposé avec une piété émouvante aux pieds du régiment.

Lémigration militaire russe accomplit dans ce sens une œuvre impérissable. Ses membres fondèrent des musées, publièrent de nombreux ouvrages historiques importants, des mémoires, des journaux militaires. Tous ces matériaux seront un jour dun grand secours pour les historiens. Malgré la révolution, la chute de l’Empire russe, le long séjour loin de la Russie, malgré les conditions pénibles dans lesquelles se trouvèrent les anciens officiers dont la majorité se transforma en prolétariat de lEurope Occidentale, les régiments continuèrent néanmoins leur existence. Même en devenant prolétaires en apparence, leurs membres restèrent tous des officiers par le cœur. C’est  là que réside le dernier mérite des régiments.

Hélas, les régiments séteignent actuellement. Les «camarades de régiment» vieillis et usés quittent ce monde lun après lautre. Leurs dernières pensées vont à leurs régiments. Ils sont souvent inhumés revêtus des uniformes quils ont pu conserver, avec les insignes du régiment qui parfois décorent aussi leurs tombeaux.

Car l’insigne dun régiment est le symbole le plus éclatant de celui-ci.

Il existe actuellement de nombreux collectionneurs d’insignes militaires de l’armée russe et des autres armées aussi. Il semble toutefois que ces collections natteindront leur juste valeur que
l’orsque pourra être jugée limmense valeur aiorale de ces «jetons» quadore littéralement la dernière génération de l’armée russe.

La Russie est la patrie des médaillles militaires et, sauf erreur, la fondatrice des insignes régimentaires. Les armées allemande et autrichienne ignoraient ces insignes ; ils apparurent en France après la guerre de 1914-1918. Seule l’armée anglaise possède depuis longtemps sur les couvrechefs des «badges» en cuivre.

Presque tout ce qui concerne l’armée russe vient de Pierre le Grand (1672-1725) ; c’est à lui que revient également lidée de créer pour chaque régiment un symbole personnel, lui appartenant en propre. C’est  sous son règne que furent institués les blasons régimentaires, ratifiés sous le règne de sa nièce Anna Ivanovna (1693-1740). Ces blasons figuraient sur les étendards, sur les sceaux régimentaires et parfois sur les mitres des grenadiers.

Les prédécesseurs directs des insignes étaient des plaques commémoratives conservées aussi après l’institution des insignes. Les plaques apparurent dans la seconde moitié du XIXème siècle ; elles étaient souvent des œuvres dart de la joaillerie, en argent ou en or, richement décorées démail, de cet ancien émail russe qui émerveille les joailliers modernes.

Ces plaques étaient innombrables, officialisées ou non ; tous les événements de la vie militaire devenaient prétexte pour frapper une plaque, que ce fut la fête dun corps de troupe, de son Chef Auguste, la commémoration dun événement historique, la promotion dun corps de cadets ou dune école militaire, le souvenir dun commandant, la fin dun long service dun officier, un cadeau du Chef Auguste au régiment ou du régiment à ce dernier, enfin tout bonnement un cadeau à un officier ou à une dame du régiment. Les plaques étaient frappées en nombre réduit, presque exclusivement pour les officiers. Certaines plaques étaient uniques, à lintention dune seule personne. Il paraît absolument impossible de reconstituer toute leur liste interminable.

Comme règle générale les plaques commémoratives des unités étaient ratifiées par l’Empereur et leur port sévèrement réglementé. Leur ratification et leur description étaient publiées dans la presse militaire officielle ; en ce qui concerne les plaques frappées à titre personnel aucune documentation nétait évidemment publiée à leur égard.

En dehors des plaques qui se portaient suspendues sur chaînette ou sur épingle, apparurent un peu plus tard des insignes attachés à la poitrine par une épingle et, plus tard, par une agrafe soudée. Il semble que le premier de ces insignes fut «La Croix du Caucase», instituée par décret paru dans le «Messager du Gouvernement» № 192 de 1864. Cette croix était en fait «un insigne de service au Caucase» qui suivait la série des distinctions russes — médaillles et croix — du XIXème siècle. Contrairement à ses prédécesseurs, les croix de distinction du XVIIIème et du XIXème siècles, cet insigne se portait sur ruban et non sur épingle.

En 1866 apparurent les insignes des Ecoles Supérieures Militaires Impériales: de l’Ecole Supérieure de Guerre, de l’Ecole Supérieure dArtillerie, de l’Ecole Supérieure de Génie, de l’Ecole Supérieure de Droit Militaire et de l’Ecole Supérieure de Marine. Il semble que le premier insigne dune unité militaire fut «l’insigne en mémoire du service dans lEscorte dhonneur du détachement de la Garde au cours de la guerre 18771878 < institué le 1er mai 1878. Depuis, des insignes furent institués de plus en plus souvent pour des institutions denseignement militaire et pour des corps de troupe. Ils atteignirent leur plus grande popularité après 1900 l’orsque de nombreuses unités célébrèrent leurs centenaires et bi-centenaires. Les insignes militaires des régiments dinfanterie de l’armée apparurent seulement depuis 1907. En même temps les insignes régimentaires attribués dabord uniquement aux officiers le furent également aux soldats. Ainsi, l’insigne commémoratif, institué uniquement pour les officiers faisant partie de l’unité le jour de la commémoration, devint l’insigne régimentaire pour tous les militaires de cette unité.

Etant donné que l’insigne régimentaire était attribué l’ors de la commémoration du centenaire du régiment, les régiments, bataillons et batteries dont la date de création se trouvait être inférieure à 100 ans ne possédaient pas d’insignes.

Vers 1914, presque tous les premiers régiments formés dépassaient 100 ans dexistence et possédaient donc leurs insignes, mais il existait des unités qui ne réussirent pas ou ne désirèrent pas sen pourvoir.

Tous les insignes étaient présentés à lapprobation de l’Empereur et leur port confirmé par un certificat du chef de l’unité.

Les insignes se portaient à droite et à gauche de la poitrine. A droite les insignes des Ecoles Supérieures, de la suite de l’Empereur, des Ecoles de perfectionnement dofficiers et certains insignes commémoratifs ; à gauche, les insignes des corps de cadets, des Ecoles militaires et des régiments. L’insigne se portait sur une agrafe soudée traversant une fente perforée à cet effet dans l’uniforme et vissée à lintérieur. Entre l’insigne et la vis se logeait parfois un rond métallique portant la marque de fabrique ou le nom gravé de son propriétaire. Dans certaines unités les insignes des officiers étaient numérotés.

Les dessins des insignes étaient fort variés. Les attributs qui y étaient représentés rappelaient des événements du passé historique du régiment ou de la batterie. Lon peut dire que, l’ors de lexa-
men de tous ces insignes, lon assiste au défilé de l’histoire militaire entière de la période impériale de la Russie.

Il y avait deux types de fonds sur lesquels se montaient les insignes: une couronne de feuilles de chêne et de lauriers et une croix. Les croix étaient celles de Saint André, de Saint Georges, dIzmaïl, de Bazardjik, dOtchakov, de Malte, du Caucase, croix de fer de Prusse, Virtuti Militari de Pologne, etc.

Les vieux régiments disposaient souvent sur leurs insignes leur blason respectif, ceux qui nen possédaient point se servaient des blasons du département ou de la ville dont le régiment portait le nom. Presque tous les insignes des régiments des grenadiers portaient une grenade enflammée. Parfois aussi les insignes portaient les armes de la Russie — laigle bicéphale — du modèle correspondant à la date de la formation du régiment. Parfois les insignes portaient les décorations gagnées par le régiment, comme la croix de Saint Georges ou le ruban des couleurs de celle-ci, des trompettes, des décorations de couvre-chefs. En tant que règle générale, presque tous les insignes portaient l’année de la création de l’unité et de sa date commémorative, les chiffres de l’Empereur fondateur de l’unité et de celui sous le règne duquel datait l’institution de l’insigne. Lexécution de ces derniers était très artistique et leur conception symbolique; il y en avait évidemment de plus ou moins réussis.

Les insignes des régiments dinfanterie de la Garde étaient particulièrement typiques. L’insigne du régiment Preobrajensky reproduisait exactement le projet de la décoration instituée par Pierre le Grand lui-même pour la bataille de Poltava (1709). La croix surmontant la couronne fut remplacée par un chas, étant donné quen 1709 l’insigne se portait sur un ruban. Les régiments Semenovsky et Izmaïlovsky prirent lss attributs figurant sur leurs premiers étendards: le régiment Semenovsky — une croix blanche avec glaive, reproduction de celle figurant en haut de la hampe sur le panneau de son premier étendard, avec adjonction sur cette croix des chiffres des Empereurs Pierre I et Nicolas II ; le régiment Izmalovsky — un chiffre doré de l’Impératrice Anna, placé sur les signes entrecroisés «I» (Impératrice) et «I» (Première), tous deux en émail bleu, soit le dessin exact du premier étendard, avec en plus l’année de formation (1730) et le chiffre de l’Empereur. Le régiment Eguersky (des chasseurs) sétait couvert de gloire dans le combat de Kulm, où tous les combattants russes furent décorés de la croix prussienne de Kulm, ressemblant à «la croix de fer» ; cette croix devint l’insigne du régiment avec les chiffres entrecroisés des Empereurs Paul I (17541801) et Nicolas II.

Le régiment Moskovsky sattribua pour insigne: sur la croix de St André en bleu, symbole de la Garde de Pierre I (le régiment fut formé dun bataillon de Preobrajensky), un St Georges en argent à cheval, cest-à-dire les armes de Moscou. Le régiment des Grenadiers choisit la croix polonaise «Virtuti Militari» dont furent décorés tous les officiers et soldats du régiment en 1831, pour lassaut de Varsovie. Le régiment Pavlovsky, qui conquit la gloire à Preussisch-Eylau, obtint pour son insigne la croix de Preussisch-Eylau. Le régiment de Finlande, en mémoire de sa formation jadis par des troupes populaires levées, — laigle russe sur la croix de ces troupes. Le régiment de Litovsky -les armes sur le shako de lépoque de la formation du régiment, sur la poitrine — un écusson avec les armes de Lituanie. Le régiment de Kegsholmsky — une croix dun modèle particulier, copie de celle érigée sur la tombe commune des soldats de ce régiment de lépoque de Pierre I. Le régiment de Saint Pétersbourg, appelé «Prussien», — croix de fer prussienne avec laigle russe de lépoque de Catherine I (1684-1727), avec les chiffres de la fondatrice du régiment et celui de l’Empereur et la date de formation (1726). Le régiment de Volynsky, descendant du régiment de Finlande, sattribua la même croix des troupes populaires levées, en y montant en plus ses armes de shako de 1817, avec les armes de la province de Volynie.

Les tirailleurs du 1er et du 2ème régiments, nayant pas atteint le centenaire, ne possédaient pas d’insignes, mais des plaques. Le 4ème régiment des tirailleurs, de la Famille Impériale, ds formation récente, ne portait pas dinsigne, mais sur son shako la Croix des troupes populaires levées de lépoque de sa formation avec le chiffre de l’Empereur Nicolas I et la devise «Pour la Foi et le Tsar».

Seul le 3ème régiment des tirailleurs possédait un insigne, la croix St Georges en argent, rappelant que de nombreux chevaliers de cet ordre y avaient servi et que, pour cette raison, il lui avait été attribué létendard de l’ordre de Saint Georges. La croix portait un aigle russe de lépoque de Paul I et sur la poitrine, sur un écusson framboise, la croix de Malte blanche.

En suivant à peu près les mêmes principes, les insignes des autres unités de la Garde, des unités dinfanterie et de cavalerie de l’armée, de même que des batteries d’artillerie, sinstituaient également.

Il serait injuste de ne pas citer, en parlant d’insignes, le plus important de leurs collectionneurs, Paul Vassilievitch Pachkoff, auteur dune sérieuse monographie sur les insignes russes, œuvre qui malheureusement nexiste quen manuscrit.

S. ANDOLENKO

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