Infanterie cosaque
Le cosaque est souvent représenté à cheval, galopant sabre au clair, prêt à vaincre tout ennemi de sa Foi, de son Tsar et de sa Patrie.
Il existe pourtant des troupes dinfanterie cosaque dont on a très peu parlé, du moins dans la littérature étrangère.
Cest dans le delta du Dniepr que se trouvait, jadis, la forteresse principale des cosaques. Elle avait pour nom «SETCH» qui se prononçait dailleurs «SITCH». Là vivaient les guerriers Zaporogues, ils sentrainaient et préparaient la défense de leur territoire contre les hordes turques ou polonaises ou bien établissaient des plans dincursion en territoire étranger.
En temps de paix, les uns péchaient, les autres chassaient et, détail amusant, cétaient les cavaliers qui préféraient taquiner le brochet, tandis que les cosaques dinfanterie, eux, partaient dans les marécages du delta pour chasser le canard sauvage ou le sanglier. Revenant de leur expédition de chasse couverts de glaise, ils reçurent le nom de Plastounis, mot dont la racine Plast signifie plaque de boue ou de glaise.
Ces «boueux» étaient de formidables chasseurs qui, capables de suivre un gibier à la trace ou de lattendre des heures durant sans faire un seul bruit, le tuaient avec autant dassurance que les meilleurs trappeurs canadiens.
Se déplaçant en train de chariots, ils furent les premiers à utiliser la stratégie du fortin de charrettes, poussant le luxe jusquà le rendre mouvant sil fallait, sous les flèches tatares, rejoindre quelque point deau situé non loin de là.
Ayant combattu dans les troupes hussites, ils laissèrent cet héritage de défense aux soldats de Jan HIJSS et quand Jan SOBIESSKI voulu assiéger les Turcs à Vienne, il fit appel à linfanterie cosaque pour arrêter lavance ottomane vers lOccident.
Chasseur par vocation, eclaireur par obligations militaires, le plastoun était long à se mettre en route, mais quand il entreprenait une reconnaissance ou partait à la recherche du gibier, il menait campagne jusquau bout et se montrait capable dun effort physique extraordinaire.
Si nous voulons nous représenter un plastoun à la fin du 18ème siècle, il faut le voir vêtu dun habit long à manches larges, avec des cartouchières sur la poitrine et même parfois cousues à la taille, qui, serrée par une lanière de cuir, portait le poignard, souvent prise de guerre sur les Turcs, la blague à tabac, la corne à poudre, un pot et un sac de gruau pour assurer sa pitance durant lexpédition.
La tête était couverte dune Papakha en laine de mouton, quant aux larges pantalons «charovaris», ils étaient enfoncés dans les bottes généralement faites en peau de sanglier, le crin à lextérieur.
De plus, un sabre recourbé, à manche arrondi souvent en os et sans garde, pendait sur une cordelière, tandis que larme à feu, qui pouvait être un mousquet ou un fusil à pierre un peu plus récent, était enfoui dans un étui fait de peau de mouton et pendu dans le dos.
Pendant la guerre contre les tribus caucasiennes, les plastounis furent utilisés comme éclaireurs et reçurent un uniforme de style montagnard, cest-à-dire une Tcherkesska avec cartouchières des deux côtés de la poitrine, une papakha dastrakan avec un haut de couleur qui correspondait à leur «voïsko», des armes à feu régulières, mais gardèrent leurs armes blanches traditionnelles qui, souvent, passaient de père en fils.
Durant la guerre de Crimée, les plastounis furent souvent envoyés dans les lignes ennemies pour ramener des prisonniers. Ce sont aussi les plastounis qui créèrent une sorte de corps de tireurs délite qui, armés de nouveaux fusils à canon rayé, étaient envoyés pendant la nuit se cacher prés des retranchements anglais ou français et durant le jour faisaient quelques cartons.
Enfin, durant la première guerre mondiale et l’horrible guerre civile, les plastounis se montrèrent à la hauteur de leur réputation, mais là l’uniforme avait déjà changé, il était devenu bien plus réglementaire, sauf ce qui à trait aux armes blanches qui restèrent toujours traditionnelles.
Durant les premières années de lémigration, un bon nombre de cosaques plastounis et cavaliers se retrouvèrent dans divers pays slaves, notamment en YOUGOSLAVIE et en BULGARIE où ils travaillaient à la construction des routes et dans les mines tout en gardant leur tradition de vie communautaire et leur uniforme qui devint une sorte de symbole pour cette nation qui avait perdu son pays.
Il reste encore quelques foyers en FRANCE, en BELGIQUE et en ALLEMAGNE ou lon retrouve, pendu près des Icônes, le vieux sabre cosaque de lancêtre et où la génération actuelle bien intégrée dans la nation au sein de laquelle elle vit peut, quand même, raconter ce que leurs grandes-pères leur avaient dit sur la SITCH et les PLASTOUNIS, en évoquant quelques faits de guerres dont ils portaient les traces sur leurs visages burinés ou sur leurs corps mutilés.
V. Belline
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