Статьи из парижского журнала "Военная Быль" (1952-1974). Издавался Обще-Кадетским Объединением под редакцией А.А. Геринга
Friday March 29th 2024

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LE CORPS DU PRINCE CONDÊ. –



La prise de la Bastille, le 14 Juillet 1789, fut le signal de l’émigration des français. Les personnes qui entouraient la Cour Royale furent les premières à quitter la FRANCE. A la tête de l’émigration se trouvaient le frère benjamin du Roi, Comte d’Artois, futur Roi Charles X, le Prince de Condé, Conti, Polignac ect…

Plus la révolution se répandait, plus l’émigration se renforçait. La sanglante démagogie des révolutionnaires couverte par la souveraineté du peuple, la poursuite de la religion, ont fait quitter la France à environ 180.000 membres de la population. Cette population qui avait fait la grandeur et la culture de la France.

Le Comte d’Artois sinstalla à Coblence, et à Worms le Prince Louis-Joseph de Condé. Autour deux, les émigrés commencèrent à se rassembler. Coblence était la cour et Worms le quartier général du Prince de Condé et le camp militaire.

Le Prince de Condé, homme froid et renfermé, soldat dans lâme était reconnu par l’émigration comme le chef suprême de l’armée royaliste. Son armée était, en grande partie, composée de nobles enflammés par lamour de la Patrie et la haine de leurs adversaires, qui avaient pris le pouvoir. Dans son armée, il reformait les noyaux des vieux régiments dautrefois. La solde était minime et cest avec beaucoup de difficulté quon logeait les troupes dans les petits villages aux alentours. Mais ces hommes bien disciplinés avaient une seule pensée: vaincre l’adversaire et servir la Patrie.

Après le congrès de Rastatt, la paix sétablit entre les états monarchistes et la FRANCE républicaine. Le corps de Condé fut desarmé et ses hommes tombèrent dans la misère. Ils étaient seulement tolérés dans le pays, et dans quelques endroits, ils étaient considérés comme des éléments de basse catégorie.

C’est à ce moment et en RUSSIE seulement que beaucoup de français trouvèrent une deuxième Patrie; des hommes comme le Duc de Richelieu, le Comte Langeron, le Prince de Broglie, de Polignac, Laval de Montmorency, le Comte de Choiseul Gouffier de Trouvère ont inscrit leurs noms dans l’histoire russe.

Etant en Russie, ils furent surpris par laccueil si cordial et si hospitalier, ils en étaient très embarrassés. Le Comte Armand de Pontmartin, dans ses mémoires, dit quil se plaignait de cet accueil au Généralissime SOUVOROFF qui lui répondit: «Cet accueil est un crédit. Il viendra un moment où les émigrés russes iront chercher refuge en France et vous serez quitte».

L’Empereur PAUL 1er, qui témoignait beaucoup dattentions pour les émigrés français et encore plus pour le roi LOUIS XVIII, répondit en hâte à la demande de ce dernier dentrer en Russie, par une invitation conçue dans ces termes: «Je veux que cela soit le signe de mon amitié envers vous». Et bientôt la ville de Mitava devint un petit Versailles où habitait le roi avec sa cour, touchant une solde de l’Empereur de toutes les Russies.

Après la Paix de Campoformio, quand l’armée royaliste tomba dans la misère, le roi Louis XVIII demanda à l’Empereur Paul 1er de sauver le reste de ses hommes. L’empereur connaissait personnellement le Prince de Condé; l’ors dun voyage incognito en France quand il avait été l’hôte du Prince dans son château de Chantilly. Il donna l’ordre à son ambassadeur en Saxe dannoncer au Prince que, touché par la situation critique de son armée, il la prenait sous sa protection.

Le 7 Septembre 1797, le Prince Gortchakoff se présentait au quartier du Prince de Condé avec les instructions de son Empereur. Daprès celles-ci, l’Empereur offrait à l’armée le refuge en Russie, la liberté de religion, le maintien des grades, de l’unité de l’armée, une solde, la possibilité de sengager dans l’armée russe et une retraite. Après le serment de fidélité à l’Empereur, elle devrait suivre la discipline russe, porter l’uniforme et la cocarde russes. L’armée prit le nom de Corps du Prince de Condé» à partir du 1er Octobre 1797. Officiellement, l’ordre du jour dentrée de 7.000 hommes au service de Sa Majesté fut donné le 27 Novembre 1797 en ces termes:

«Le corps du Prince de Condé entre au service de S.M.I. Il se compose de 3 régiments dinfanterie et 2 de cavalerie: Infanterie: le régiment de nobles, 2 bataillons, cantonnement, la ville de Vladimir, chef Prince de Condé, le Duc de Bourbon, le régiment des grenadiers, 2 bataillons et 2 compagnies de grenadiers, cantonnement la ville de Sloutsk — Prince de Hohenlohe — 2 bataillons et 2 compagnies de grenadiers, cantonnement la ville de Kovel. Cavalerie: Duc de Berri, le régiment de nobles, 5 escadrons, cantonnement la ville de Vladimir. Duc dEn- ghien, 5 escadrons, cantonnement la ville des Sloutsk. Inspection par le Prince de Condé. Artillerie: 2 compagnies sous la même inspection.

L’ordre de marche en Russie fut donné le 4 Octobre 1797. La première colonne qui comprenait des voitures avec les familles des officiers partit par Munich, Olmutz, Galicie et Woline, les autres colonnes la suivirent à peu dintervalle. La cavalerie du jeune Duc dEnghien, fusillé par Napoléon 7 ans plus tard, continua son voyage en bateau par le Danube.

Quelques mémoires subsistent de cette marche inouïe à travers une Russie inconnue. Quelques- uns des officiers achetèrent des livres russes pour apprendre cette langue «barbare». Pendant la traversée de la Pologne, les plus jeunes officiers, avec le Duc d’Enghien en tête, chassèrent dans les forêts immenses des magnats polonais et bien souvent chantaient des chansons insultantes pour l’Empereur dAutriche, qui leur refusait l’hospitalité.

Le 30 Décembre, le corps traversa la rivière Boug et entra en Russie. A la frontière, il était attendu par un prêtre russe qui fit prêter aux français le serment de fidélité à l’Empereur russe. Après le serment, tous les hommes enlevèrent leurs cocardes royales. Ils reçurent des étendards et des drapeaux russes, avec une seule variante: au lieu des aigles impérials, des lys dorés ornaient les 4 coins des drapeaux. L’Empereur pensait que les français devaient être fiers de porter ses emblèmes. Linfanterie reçut des tuniques vertes et la cavalerie des blanches, — les dragons d’Enghien des casques.

Dès ce moment les jours devinrent sombres et monotones, bien que les troupes fussent bien traitées et bien soignées.

L’état-major du Prince de Condé était cantonné à Doubno, dans le château du Prince Loubo- mirsky. Daprès les témoignages de Tibau, la ville de Doubno plaisait aux parisiens; il y avait des magasins, des cafés et des restaurants. Les français passaient les soirées chez les habitants, où se réunissait la meilleure société russe. Les autres fréquentaient les châteaux de l’aristocratie polonaise des environs. Mais les émigrés commençaient à sennuyer, ils buvaient beaucoup de vodka, jouaient aux cartes, les duels étaient fréquents et la discipline nétait pas toujours observée. Cela ne plut pas à l’Empereur et le 21 Février 1798, il ordonna de juger tous les cas selon la Justice russe. Les résultats furent décevants, quelques officiers furent sévèrement punis et deux dentre eux, de Bomaize et Clozé, envoyés en Sibérie.

Pendant ce temps, la République Française, répandait ses idées pour conquérir dautres états. La BELGIQUE était envahie ainsi que la rive gauche du Rhin, la Savoie et quelques parties du territoire d’ITALIE.

La RUSSIE, l’AUTRICHE, la SARDAIGNE et la TURQUIE prirent part à une coalition contre la FRANCE républicaine. La guerre commença en 1799. Souvoroff, chef suprême de l’armée de coalition, battit les généraux de la révolution, Mo- reau, Macdonald et Joubert en ITALIE du nord.

Le corps du Prince de Condé reçut l’ordre daller sur le théâtre des opérations en SUISSE. Beaucoup démigrés français quittèrent la Russie le cœur léger car une petite partie seulement avait apprécié le bon accueil et emportait un bon souvenir du peuple «religieux, barbare et en même temps si doux» qui leur avait donné lhospitalité pendant 18 mois.

En Octobre 1799, le corps français vint prendre position devant Constance, sous l’ordre du Général russe Rimsky Korsakoff. Les royalistes étaient attaqués par les ardentes troupes du Général Gazan de l’armée de Masséna. Sous la pression des républicains, le corps traversa le Rhin et 500 royalistes tombèrent aux mains des ennemis. C’est  l’uniforme russe qui leur sauva la vie, car plus tard ils furent échangés contre des prisonniers républicains. A ce moment, la captivité pour les royalistes, était la mort. «Quand jai la chance dattraper les émigrés, — écrit le Général Vandamme à la Convention, — je ne fatigue pas la commission pour les juger, le jugement se fait sur place, mon sabre et mes pistolets font leur travail» et les membres de la Convention firent une ovation à ce message.

A la fin de l’année, le corps de Condé cantonnait à Linz. On murmurait que l’armée russe quittait la Suisse et retournait en Russie. Les français étaient bien déprimés par cette nouvelle.

Bientôt le corps reçut l’ordre de retourner en Russie par Olmutz, Tarnof et Jaroslav. Mais quand les troupes russes commencèrent la marche, les français ne bougèrent pas. Le prince de Condé avait reçu un message des anglais, lui disant de rester sur place en attendant la réponse de l’Empereur Paul 1er, à qui les anglais avaient offert de transporter les troupes françaises par mer en territoire britannique et, de là, débarquer en France pour continuer la lutte contre les révolutionnaires. En constatant la désobéissance de Condé, l’Empereur donna un ordre laconique: «Le corps du Prince de Condé est dissous».

Quand Paul 1er se retira de la coalition contre la France, le Prince de Condé sallia avec les autrichiens jusquà la paix de Lunéville. Après quoi, le corps fut complètement dissous. Seule l’organisation de Hohenlohe fut conservée.

Ce prince allemand, après la chute de Napoléon revint en France avec son régiment et après sa mort, «la légion Hohenlohe» devint le noyau de la Légion Etrangère. Les glorieux régiments de la Légion Etrangère ont pour origine ceux qui se sont battus sous les ordres du Prince de Condé, qui ont prêté le serment à l’Empereur russe et fait la campagne de Suisse unique dans l’histoire militaire sous le commandement du généralissime Souvoroff.

Traduit du russe par G.N.

 

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