III. RUSSIE DE L’OUEST ET DU NORD-OUEST
I. CROIX DU GENERAL KELLER.
Dès ]e début de la révolution, le commandant du 3ème Corps de cavalerie, le général comte Keller, fut parmi les chefs peu nombreux qui eurent le courage de déclarer publiquement leur fidélité à l’Empereur. Il refusa de prêter serment au gouvernement provisoire, passa le commandement de son corps au général Krvmov et se rendit à Kharkov.
Des représentants de ” l’Armée du Nord ” (plus tard du ” Nord-Ouest “), qui se formait à Pskov, vinrent en novembre 1917 le prier de se mettre à la tête de cette armée. Ayant donné son acquiescement le général ICeller se rendit à Kiev le 12 novembre pensant gagner Pskov, l’orsquil fut nommé par le gouvernement du hetmán (chef du mouvement nationaliste ukrainien) Généralissime des forces armées de l’Ukraine. Il exigea al’ors que toutes ces forces se rallient à ” l’armée des volontaires ” du général Denikine, mais les frictions entre le gouvernement ukrainien et l’Armée Blanche le forcèrent à se démettre de ses fonctions. Il ne put néanmoins quitter Kiev tombé entre les mains de Petlioura). Dans la nuit du 20 au 2І
décembre il fut saisi par des soldats et fusillé avec ses deux aides-de-camp, le colonel Panteleíev et le capitaine Ivanov, qui auraient pu fuir, mais qui partagèrent volontairement le sort de leur chef. Après la mort du comte Keller, le commandement de l’Armée du Nord fut confiée dabord au général Vandamme, ensuite successivement aux colonels von Nefï et Dzerojinsky et enfin au général Rodzianko.
Le comte Keller avait institué pour les combattants de l’Armée du Nord une croix spéciale portée sur la poitrine, dénommée «Croix du général Keller».
Cette croix représentait une croix de Malte en argent recouverte démail blanc, sans aucune inscription, ni date, d’une dimension de 54 mm.
(Lexistence de cette croix paraît douteuse, étant donné que le comte Keller navait pas assumé de fait ses fonctions; aussi la question se pose sur le moment et sur le lieu où cette croix aurait pu être instituée. Dans une collection privée se rapportant à la guerre civile du vicomte Robert Grouvel, à Paris, jeus loccasion de voir une croix de ce type recouverte non pas démail, mais de vernis blanc, qui avait été acquise par le vicomte en 1919 en Allemagne parmi dautres insignes de l’armée de Bermont-Avalov).
2. INSIGNES DE ” L’ARMEE DES VOLONTAIES DE LOUEST» DU GENERAL BERMONT-AVALOV
L’Armistice du 11 novembre 1918 contraignit les Allemands à évacuer les régions baltes qui furent aussitôt occupées par les bolchéviques. Le gouvernement de la Lettonie quitta Riga et se fixa à Libau où il reçut loffre des Allemands de mettre à sa disposition, pour entreprendre la défense de la Lettonie, le Corps des Volontaires allemands du général von der Holtz. Loffre fut acceptée et une nouvelle armée lettonne commença à se former auprès du corps allemand, en même temps que la milice balte et les unités russes du comte Lieven. Riga fut libérée le 22 mai 1919, mais les unités allemandes, en friction avec les Estoniens, durent reculer de Riga à Mitau. Le l”r juin 1919 les alliés victorieux exigèrent des Allemands lévacuation de la Courlande (région de la Lettonie), mais le général von der Holtz sy refusa catégoriquement, ayant entretemps complété ses unités par des volontaires allemands et ayant constitué avec les prisonniers russes arrivant dAllemagne un Corps spécial russe dont il confia le commandement au colonel Bermont-Avalov. Le 14 juin 1919 ce corps, formé en Allemagne, fut amené à Litva, nœuf ferroviaire important et point de départ favorable pour toutes les directions de la région balte.
Le colonel, ensuite général de brigade, Pavel Mikhaïlovitch Bermont avait été jadis chef demusique au 1er régiment des lanciers de Pétrograd. Au cours de la guerre russo-japonaise de 1904-1905 il sengagea comme volontaire au régiment des cosaques de Transbaïkalie où il fut promu au grade dofficier. Il commença la guerre de 1914-1917 comme sous-lieutenant de cavalerie, devint aide-de-camp du commandant du 22ème Corps dArmée, le général Mistchenko, et fut promu colonel après la révolution par le gouvernement de Kerenski. Il prit ensuite le nom de Bermont-Avalov et enfin de «prince» Bermont-Avalov.
Bermont-Avalov écrit dans ses mémoires: «Le 1″ décembre une délégation des officiers supérieurs me présenta une décision au nom de l’Armée dans laquelle cette dernière me demandoit daccepter le grade de général de brigade. Mon armée désirait ainsi souligner devant les «alliés» son entente parfaite avec moi. Je ne pus donc décliner cette proposition et lacceptai»…
Bientôt le Corps russe se divisa en deux groupes, dont lun, sous les ordres du comte Lieven, se rallia au général Youdenitch et se rendit en Estonie, al’ors que l’autre refusa de se soumettre à ce dernier et demeura avec les Allemands. En septembre 1919 le général von der Holtz passa le commendement de toutes les unités à BermontAvalov qui constitua ainsi «l’Armée des Volontaires de lOuest». Le général Youdenitch confirma le 5 septembre la (…) Bermont-Avalov. Cette armée fut constituée: du 1er Corps des Volontaires de lOuest du comte Keller, du 2ème Corps des Volontaires de lOuest du colonel Yyrgolitch, de la Division de Fer allemande du major Bischofï et de la Légion allemande du capitaine von Siewert. Bermont-Avalov passa avec succès à loffensive contre les rouges dans la région de Dvinsk, se lança le 8 octobre dans des opérations militaires contre les Lettons et sempara le 10 octobre de toute la rive gauche de la Dvina. Le 9 octobre Bermont forme «le Gouvernement Central Russe de lOuest», mais est destitué le jour même de son commandement par le général Youdenitch. Le 15 octobre l’Armée de lOuest continue à développer son offensive, mais la 16ème armée lettonne, soutenue par le feu violent des batteries de la flotte alliée qui avait pénétré dans le golfe de Riga, inflige uen sérieuse défaite à BermontAvalov, le force à reculer et sempare de Mitau le 21 novembre.
Le 19 novembre 1919 le commandement de l’armée est confié au général allemand Eberhardt qui évacue le 30 novembre toute la Courlande ; les restes de l’armée traversent la Lituanie et la Prusse Orientale, sont désarmés et internés, dabord dans le camp dAltergraben, puis à Magdebourg. Les deux corps réduits à environ 20.000 hommes sont réunis en un seul détachement sous le nom de «Détachement russe sur le Territoire de lAllemagne». Vers le mois de juin 1920 il ne compta plus que cinq mille hommes à peine, sous le commandement du général Altvater et de son chef d’état-major le colonel Tchaikovsky. Peu à peu ce détachement se dispersa complètement…
Ayant accepté le 5 septembre 1919 le commandement de «l’Armée des Volontaires de lOuest», le général Bermont-Avalov considérait son armée comme héritière légitime de l’Armée du Nord du général Keller formée à Pskov. C’est pourquoi, en instituant un insigne pour son armée, il choisit comme modèle «la croix Keller» en modifiant, en signe de deuil, la couleur blanche de la croix en noire.
Cet insigne fut institué par le colonel BermontAvalov le 4 mars 1919 par l’ordre du jour № 24, tout au début de la constitution de l’armée au camp de Salzwedel en Allemagne où les Russes se trouvaient internés ; il désirait ainsi distinguer des autres internés les militaires enrôlés dans son armée.
a) Insigne pour les membres de l’Armée.
Description de lInsigne
Croix de Malte en métal blanc recouverte de vernis noir mat ou démail noir, dimension 51 mm portée à gauche de la poitrine, sur vis. Elle représente une reproduction exacte de «la Croix du général Keller», mais en noir et non en blanc, b) Médaille Commémorative
En 1919, le général Bermont-Avalov institua
une médaillle en souvenir de la participation aux combats en Courlande, pour tous les militaires, aussi bien russes quallemands, de l’Armée des Volontaires de lOuest et du Corps Libre allemand.
Description de la Médaille Médaille en bronze doré, d’un diamètre de 32 mm., avec, sur la face, une effigie estampée de St. Georges à cheval frappant de sa lance le dragon. Au revers de la médaillle — une croix orthodoxe octogonale, avec sur chacun des côtés
le chiffre «19» (année 1919). Le ruban est constitué de deux bandes égales verticales, noire et orange, avec un étroit liseré aux mêmes couleurs renversées. Largeur du ruban 25 mm.
c) Croix de la 1ère et 2ème classes
En plus de cette médaillle, le général BermontAvalov institua, déjà en émigration, une croix possédant deux classes. Elle était attribuée aussi bien aux militaires — croix avec glaives, quaux civils — croix sans glaives.
Description de la Croix de 1ère classe
Croix de Malte en métal blanc recouverte de vernis noir ou démail noir, identique à l’insigne institué précédemment, mais portant sur le côté supérieur de la croix un crâne surmontant deux os en argent. En travers de la croix — deux glaives croisés en argent, pointés vers le haut, avec des poignées dorées (sur les croix destinées aux civils les glaives sont absents). Lenvers de la croix est uni. Dimensions de la croix 55 mm., hauteur du crâne 19 mm. La croix se portait en sautoir sur un ruban noir avec un liseré: d’un côté le liseré est aux couleurs nationales russes (blancbleu-rouge), de l’autre côté — aux couleurs allemandes (noir-blanc-rouge). Les couleurs allemandes se portaient en haut, de même que pour la croix de 2ème classe, portée sur un ruban sur la poitrine.
Description de la Croix de 2ème classe
Même croix que celle de 1ère classe, mais moins importante. Diamètre 41 mm. Se portait sur la poitrine, sur un ruban avec nœud.
d) Croix de la Landwehr Balte (Milice Balte)
La Landwehr Balte, appelée aussi Légion allemande, faisait partie de l’Armée des Volontaires de lOuest. Elle était formée de volontaires des pays baltes dorigine allemande. Le commandement de la Légion avait été confié au capitaine en second von Ziewert. Elle se composait des unités suivantes: le groupe «Baltenland», le groupe «Weichmann», le groupe «Brandess», le groupe «von lena», le groupe «von Medem», le groupe «Stewer», le groupe «von Petersdorf», le bataillon de choc. Elle comportait en plus le Corps du colonel Dibitch, le détachement Plévé, etc.
Toutes ces unités possédaient de nombreux et divers insignes, médaillles et étoiles, telle «l’étoile de Dibitch», représentant une étoile avec des glaives et, dans un médailllon au centre, laigle unicéphale allemand avec une inscription tout autour du cercle — «suum cuique», cest-à-dire «chacun le sien».
En mars 1953, le catalogue de la firme numismatique berlinoise, «Die Ordens Sammlung», signalait, en plus des trois croix et médaillles de Bermont-Avalov, deux croix de 1ère et de 2ème classes «Dibitch», une médaillle de la Division de Fer et 28 autres insignes encore, de la Landwehr Balte.
Description de la Croix
Croix rectangulaire en fer, avec une seconde croix dorée plus petite superposée, cette dernière croix portant aux quatre bouts un lys doré. Dimension 45 X 45 mm. Lenvers est uni. Se portait sur une vis.
3. LES INSIGNES DE ” L’ARMEE NORD-OUEST ” DU GENERAL YOUDENITCH
Le Corps des Volontaires de Pskov fut constitué le 12 octobre 1918. Avant même davoir pu sélever au niveau d’une véritable unité de guerre, ce corps fut brusquement privé du soutien des Allemands, occupant la région, qui labandonnèrent à peine armé à son sort ; le 25 novembre il fut battu dans un combat contre les rouges ; ses troupes se retirèrent vers Isborsk, Walk et Werro.
Ce corps se trouvait sous le commandement du général Vandamme, puis du colonel von Nefï et enfin du colonel Dzerojinsky ; ce dernier conclut un accord avec les Estoniens stipulant que ceux-ci incorporaient chez eux les restes du corps, sengageant à le pourvoir en vivres, en équipement militaire et en armes. La moitié de ces troupes fut mise en réserve (dans la région de Reval) et fut nommée «Détachement de lOuest» ; l’autre moitié fut disposée sur le front derrière Youriev, sous le nom de «Détachement de lEst». Ces deux détachements formèrent «le Corps Détaché de l’Armée du Nord» sous le commandement du colonel Dzerojinsky et plus tard du général Rodzianko. La période la plus dure avait pris fin ; le souvenir de toutes les tribulations de la retraite de Pskov seffaçait, retraite au cours de laquelle les combattants russes, en loques, parfois pieds-nus, avec des fusils sans baïonnettes, devaient par un froid glacial retenir la poussée d’un ennemi bien plus nombreux, ne recevant que peu de sympathie de la population et succombant en quantité aux blessures et aux maladies.
Le 13 mai 1919 le Corps Détaché de l’Armée du Nord engagea une offensive générale. Toutes les unités se portèrent à lassaut, renversèrent l’adversaire sur toute la ligne du front et semparèrent de nombreux prisonniers et d’un butin militaire considérable. Comptant seulement 3.500 hommes, le corps sempara d’un territoire immense allant de Pskov jusquau golfe de Finlande et jusquaux villes de Louga et Gatchina à lEst.
En commémoration de cet exploit, le général Rodzianko, par son ordre du jour du 10 juillet 1919, institua une croix spéciale pour tous les militaires de loffensive du 13 mai.
a) Croix du «13 Mai 1919» Description de la Croix
Croix équilatérale (39 mm.) dorée en émail blanc, avec, le long des deux côtés transversaux, linscription en ligature slavon: «13 MAI 1919». La croix se portait à gauche de la poitrine sur une rosette ronde aux couleurs nationales.
D’abord surpris par laudacieuse offensive d’une poignée de «blancs», les bolcheviques se ressaisirent et concentrèrent des forces très importantes pour défendre Pétrograd. Les unités de l’armée du Nord-Oouest, dispersées sur une ligne de front très
longue, sans réserves, ne purent résister à la furieuse poussée des rouges et commencèrent leur retraite. Reculant lentement et défendant dans des combats chaque position, ils se fortifièrent enfin sur la ligne des rivières Jaltcha, Saba et Louga.
Complété par des prisonniers de l’armée rouge et par des recrues mobilisées sur place, le corps se déploya en armée du Nord, baptisée bientôt «Armée du Nord-Ouest» pour la distinguer de l’Armée du Nord qui opérait à Arkhangelsk sous le commandement du général Miller. Les effectifs de l’armée du Nord-Ouest, après son regroupement, comprenaient 17.800 baïonnettes, 700 sabres, 57 pièces d’artillerie, 4 trains blindés, 6 chars de combat et 2 blindés (26 régiments dinfanterie, 2 régiments de cavalerie, 2 bataillons détachés et 1 détachement).
Le 10 octobre 1919 l’armée entreprit une nouvelle offensive, écrasa les rouges et en quelques marches sempara de Krasnoïe Selo, de Gatchina, de Louga et enfin de Pavlovsk et de Tsarskoïe Selo, arrivant ainsi aux portes de Pétrograd. Ayant épuisé toutes leurs forces ses unités sarrêtèrent devant les hauteurs de Poulkovo (banlieue de Pétrograd). C’est là que, brusquement abandonnées par les Estoniens et la flotte britannique, elles durent à nouveau battre en retraite. Il y eut quelques suprêmes efforts héroïques devant Yambourg, devant Narva et puis ce fut la fin. Le froid rigoureux, la fatigue, les maladies, la défection des alliés, qui privèrent les volontaires de leur base, achevèrent définitivement l’armée. Lépidémie de typhus emporta jusquà 8.000 hommes.
Le 22 janvier 1920 le général Youdenitch donna l’ordre de dissoudre les unités, les états-majors et tous les services. Le 10 mars les régiments se transformèrent en compagnies de bûcherons et douvriers de tourbières. En même temps il se produisit une attraction vers la Pologne où commencèrent à se former de nouveaux cadres russes pour lutter contre les bolcheviques. C’est ainsi que fut tournée une brillante page héroïque d’une poignée de braves qui osèrent lancer crânement un défi aux ennemis de la Patrie.
Emigrés à létranger, les anciens combattants de l’Armée du Nord-Ouest, officiers et soldats, créèrent 1 «Association des Combattants du NordOuest» en prenant pour emblème de leur association un insigne représentant une copie réduite du chevron porté au bras gauche par les militaires de l’armée, modifié quelque peu par ladjonction des lettres russes «С 3» et la date «1919».
Cet insigne fut instauré par le président de lAssociation de tous les combattants russes, le général Miller, le 31 août 1931, par l’ordre du jour № 45.
b) Insigne de lAssociation de l’Armée du Nord-Ouest
Description de lInsigne
L’insigne représente un écusson doré triangulaire — chevron aux couleurs nationales avec, sur un champ rouge, une croix blanche. Sur les côtés de la croix — des lettres russes dorées «C. 3» et dans le haut une date en chiffres dorés — «1919». Cet insigne était exécuté exclusivement en modèle réduit pour être porté à la boutonnière d’un costume civil. Dimension de l’insigne 2 x 2,30 cm.
c) Insigne du Détachement de hieven
Le détachement russe des fusiliers volontaires du Prince Lieven fut formé par le capitaine du régiment des Chevaliers-Gardes, le Prince Sérénissime Lieven, vers la fin de 1918 à Libau. Ce détachement était également connu sous le nom de «Fusiliers de Libau» ou «Liventzi».
Le détachement entra en campagne contre les rouges le 31 janvier 1919, venant de Libau et ne comptant que 65 hommes. Progressant toujours en nombre et en qualité au cours des mois suivants, le détachement traversa, en livrant des combats, toute la Courlande et prit part le 22 mai 1919 à la libération de Riga de loccupation rouge. Ayant achevé en juin 1919 la libération du territoire letton, le détachement se joignit aux effectifs de l’Armée du Nord-Est du général Youdenitch et fut dirigé sur le front de Narva. Il fut ensuite regroupé dans les effectifs de la 5ème Division des Fusiliers et prit part, sous le commandement du colonel Dydorov, à loffensive sur Pétrograd, arrivant le 20 octobre 1919 aux avant-postes de Strelno et de Ligovo — banlieues de Pétrograd. Après la retraite générale, une partie du détachement échoua en Pologne où la lutte contre les rouges fut poursuivie.
Devenus émigrés, les anciens militaires de ce détachement formèrent une «Amicale des Lieventzi», sous la présidence de leur ancien commandant, le Prince Sérénissime Lieven, qui instaura pour ses membres un insigne commémoratif porté à la boutonnière du costume civil.
Description de lInsigne Croix dorée en émail blanc, avec deux glaives entrecroisés, dont les poignées sont dirigées vers le bas. Au centre de la croix un écusson de forme héraldique aux couleurs nationales: blanc-bleurouge ; sur lécusson la lettre dorée russe Л (L) et la date commémorative «1919». Lécusson est surmonté d’une couronne dorée. Dimension de l’insigne 2×2 cm.
d) «La Croix des Braves» de I Ataman Boulak-Balakhovitch
Description de la Croix
Croix en métal blanc, du modèle de la croix de Saint Georges, recouverte démail blanc, de 35 x 35 mm. Au centre de la croix un médailllon arrondi estampé, en argent oxydé, avec en effigie une tête de mort surmontant un glaive et un flambeau entrecroisés. Le médailllon est entouré dune
couronne de laurier attaché en bas avec un ruban. Lenvers est uni et porte un numéro d’ordre. La croix se portait sur un large ruban de 38 mm, avec deux liserés or de 5 mm sur les bords.
L’ataman Boulak-Balakhovitch, autrefois capitaine de cavalerie de l’ancienne armée russe, promu ensuite colonel et général de brigade par le général Youdenitch, commandait un détachement de partisans de son nom, dans les effectifs du Corps Détaché de l’Armée du Nord du général Rodzianko et plus tard dans les effectifs de l’Armée du NordOuest du général Youdenitch. Par l’ordre du jour № 20 du 24 août 1919, il fut exclu par le général Youdenitch des effectifs de l’armée et passa au
service de lEstonie et e^Kte de la Pologne, où au cours de la Seconde Guerre Mondiale, ayant le grade de colonel de l’armée polonaise, il forma un détachement monté. Ce détachement se dispersa avant datteindre la ligne du front, étant donné que la campagne polonaise était déjà perdue. En 1940 Boulak-Balakhovitch fut tué dans une des rues de Varsovie par des inconnus qui ne furent jamais retrouvés.
Voici l’histoire de son détachement:
A la mi-octobre de 1918, deux officiers de l’armée rouge passèrent à Pskov dans les rangs de l’armée blanche. Ils avaient fait partie du Détachement monté des partisans de Boulak-Balakhovitch, formé des restes du détachement des partisans de Pounine qui luttait contre les Allemands dans la région de Riga. Sous la poussée des Allemands le détachement de Pounine se dispersa, il nen resta quune partie seulement sous les ordres du capitaine Boulak-Balakhovitch. Battant en retraite ce dernier échoua dans la zone des opérations des bolcheviques et, par la force des circonstances, passa au service des soviets. Selon le témoignage de ces officiers rouges, Boulak-Balakhovitch cherchait un moment propice pour rejoindre le détachement du Corps des Volontaires de Pskov.
En effet, deux jours plus tard, deux escadrons, suivis de tout le détachement sous les ordres de son «ataman» Boulak-Balakhovitch, rejoignirent le Corps des Volontaires apportant avec eux unéquipement militaire complet, des armes, des munitions, des chevaux, etc.
En fait, le détachement de ces «partisans» causait de graves dommages non seulement aux bolcheviques, mais aussi à la population civile, se livrant à des actes arbitraires et au pillage, sans tenir compte des ordres du commandemnet suprême. Ce fut la raison de lexclusion de BoulakBalakhovitch des effectifs de l’armée et de son élimination de toute participation aux actions militaires. Mais il faut reconnaître que tous les membres du détachement possédaient un courage légendaire, comprenant parfaitement que leurs ennemis ne leur feraient pas grâce, et adoraient leur «père-ataman».
6. CROIX «POUR LE COURAGE» ET INSIGNES DU «DETACHEMENT SPECIAL DE MANDCHOURIE» DE LATAMAN SEMENOV.
Description de la Croix
Croix en métal blanc représentant une copie exacte de la croix de l’ordre de St Georges (avec au centre limage de St Georges perçant de sa lance un dragon et à lenvers les initiales de ce saint). Le côté face de la croix représente: sur sa branche supérieure — un soleil entouré de ses rayons, sur sa branche gauche — la lettre «О», sur sa branche inférieure — la lettre «M» et, sur sa branche droite, — la lettre «О», ce qui donne un abrégé du mot russe «Détachement Spécial de Mandchourie». A lenvers de la croix — un numéro d’ordre. Elle se portait sur un ruban de l’ordre de St. Georges. Dimensions de la croix 35 x 35 mm.
On suppose que lAtaman Semenov institua vers la même époque un insigne réservé à tous les militaires de son détachement.
Un aigle bicéphale argenté en bronze, sans couronnes, tenant un serpent entre ses griffes. Sur la poitrine de laigle — un bouclier doré avec les lettres russes «AC», en forme de chiffre, ce qui veut dire en russe «Ataman Semenov» ; au-dessus des têtes de laigle — des rayons dorés du soleil levant, avec linscription «О M О» (Détachement Spécial de Mandchourie).
L’insigne est d’une exécution grossière et primitive ; il est recouvert à lenvers de plomb. Hauteur de l’insigne 5 cm, largeur 6 cm.
Il existe dautres modèles de cet insigne, d’une exécution plus raffinée, qui portent sur le bouclier protégeant la poitrine de laigle — les lettres «О M О», al’ors que les chiffres du nom de lAtaman Semenov «A С» sont représentés au-dessus des têtes de laigle sur les rayons du soleil. Dautre part, sur les ailes de laigle il y a la date «19» «17» (1917).
En commémoration des vingt ans de la formation du détachement, lAtaman Semenov institua
un nouvel insigne en 1937 qui représentait une copie exacte de laigle décrit ci-dessus avec une seule différence: le bouclier aux couleurs nationales (blanc-bleu-rouge) se trouve sous les griffes et la queue de laigle, avec au milieu les chiffres romains XX, et, tout en bas, un soleil levant entouré de rayons avec la date «1937».
Cet insigne possède dautres variétés, sur lesquelles le bouclier du bas est parfois plus grand, parfois plus petit ; dautre part, les rayons supérieurs au-dessus des têtes de laigle sont d’un modèle quelque peu différent. Tous ces insignes sont d’une parfaite exécution.
L»Essaoul» (capitaine de cosaques) Semenov, ancien commandant d’une «sotnia» (escadron cosaque) de l’armée cosaque de Transbaïkaïlie, forma en janvier 1918 en Mandchouris le «Détachement Spécial de Mandchourie», à la tête duquel il lutta efficacement contre les bolcheviques. Au mois de mars il entra en conflit avec l’amiral Koltchak qui venait darriver en Sibérie et qui lui reprocha les activités de son détachement qui se livrait à des réquisitions illégitimes, à des actes repréhensibles contre la population et tout bonnement au pillage.
Le gouvernement socialiste de Sibérie, le «Directoire», qui venait de se constituer, nomma Semenov commandant d’un corps qui devait se former dans la région du Littoral ; il fut en même temps élu «ataman» (chef des cosaques) des cosaques des régions de lAmour, dOussouri et de Transbaïkalie.
Après la chute du «Directoire», le 18 novembre, l’amiral Koltchak fut nommé Régent Suprême. Comme lataman Semenov ne voulait pas reconnaître ce dernier, il fut relevé de son poste. Le 19 janvier 1919 Semenov se soumit enfin à l’amiral Koltchak et continua la lutte contre les rouges dans la région quil occupait, tout en proclamant lindépendance de la république des Mongols et des Bouriates. Les plaintes innombrables contre les activités de lataman obligeaient l’amiral Koltchak à envoyer constamment des commissions pour procéder à des enquêtes. Le 15 novembre 1919, après la chute d’Omsk et le début de la retraite de l’armée du Régent, lataman Semenov ne prêta aucune aide à ce dernier et, comme Verkhnieoudinsk tomba le 1er mars aux mains des rouges, se fixa à Tchita. Soutenu par ses unités, celles du général Voïtzekhovsky et par les Japonais, il se proclama, après lexécution de l’amiral Koltchak par les rouges, Régent Suprême de Sibérie. Les Japonais ayant bientôt quitté Tchita et occupé la région du Littoral, Semenov, privé de leur soutien, se démit de son titre de Régent, interrompit la guerre civile contre la république de Verkhnieoudinsk et devint ministre de la guerre et commandant des forces armées dans le gouvernement de Vinogradov qui venait de se former à Vladivostok. Cependant, en octobre, sous la poussée des rouges, il fut forcé de passer la frontière chinoise où il fut désarmé. Lataman Semenov se rendit ensuite à Khrrbine ou il joua encore pendant quelque temps le rôle de chef antibolchevique des régions de la Mandchourie et de la Transbaïkalie.
La croix «Pour le courage» fut instituée par lataman Semenov à Tchita en 1920, pour les militaires de son détachement.
P.V. PACHKOFF
(à suivre)
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