Статьи из парижского журнала "Военная Быль" (1952-1974). Издавался Обще-Кадетским Объединением под редакцией А.А. Геринга
Thursday November 21st 2024

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A bord du «Dimitri Donskoi». – N. IENICHE



Vers la fin du XIXème siècle, au cours dun dîner animé en compagnie des capitaines des navires de lescadre britannique en rade de HongKong, lamiral Skrydloff, qui nétait à lépoque que capitaine de la frégate cuirassée «Dimitri Donskoï», engagea une discussion sur le rôle de linfanterie de marine à bord des navires. Il considérait ce corps en tant quélément étranger pour les marins et il en vint à affirmer que le service des quarts à bord des navires britanniques était inférieur à celui des navires russes, ce que d’ailleurs il se déclara prêt à justifier au cours du séjour en rade du «Dimitri Donskoï». Skrydloff proposa un pari dont les conditions ne comprendraient aucune sanction pour les personnages engagés ; après maintes libations le pari fut accepté, mais, en remontant à bord de son navire, Skrydloff ignorait encore comment il tiendrait cette gageure.

Une idée lumineuse lenflamma soudain… Et pourquoi pas — capturer une des sentinelles en faction… Se proposant de réaliser personnellement cet exploit Skrydloff sen ouvrit au commandant des baleinières Miakicheff en lui confiant tous les préparatifs de lenlèvement.

Miakicheff protesta vigoureusement en faisant valoir quun capitaine de navire en rade dun port représentait l’Empire russe et ne saurait figurer dans une aventure pouvant se terminer tragiquement ou tout au moins provoquer un scandale sensationnel. Skrydloff se laissa convaincre, mais insista sur lexécution de son projet par des «gars hardis», rameurs délite des baleinières.

Miakicheff fut encore plus catégorique en soutenant quun capitaine ne pouvait confier cette mission à des matelots subalternes irresponsables et quaprès tout ce serait lui-même, officier de bord, qui sen chargerait, mais en plein jour, après le repas de midi, quand les navires sont recouverts de toiles les protégeant de la chaleur tropicale si épuisante et limitant ainsi toute surveillance…

Après une mise au point essentielle, tout en effleurant à peine la mer de ses rames, Miakicheff monta à midi à bord dune baleinière et se mit à manœuvrer lentement parmi les nombreux navires en rade. Après plusieurs circuits effectuée par la chaloupe, aucun des navires présents ne prêta plus attention à son manège… Miakicheff dépista al’ors à larrière une frégate britannique, la contourna par trois fois et, certain que ni les hommes du quart, ni aucun matelot en faction ne sintéressaient plus du tout à lui, fit halte sous la poupe.

En un clin doeil il se déchaussa, grimpa comme un félin le long de léchelle de corde vers la dunette, lança un sac sur la tête de lAnglais en faction abasourdi, le précipita en bas où les gars de la baleinière sen saisirent en le ficelant et en le recouvrant dune bâche ; son fusil le suivit… Miakicheff se glissa à bord de la chaloupe qui repartit au même rythme vers le «Dimitri Donskoï», où lAnglais fut caché dans le sein du cuirassé…

Vers 2 heures une certaine animation sempara de la frégate britannique, des chaloupes furent mises à la mer… Vers le soir un officier britannique se présenta au capitaine Skrydloff en lui annonçant la disparition de leur homme de quart et en senquérant si le «Dimitri Donskoï» navait par hasard perçu quelque chose danormal. En guise de réponse Skrydloff remit à lofficier un pli pour le capitaine de la frégate… Tard dans la nuit une chaloupe britannique vint chercher linfortuné anglais, copieusement restauré et arrosé, ne se rendant plus compte de rien…

Le lendemain Skridloff fut invité par le capitaine britannique à un dîner au club… Avec leur sens inné du «fair play» les Anglais lui réservèrent un accueil triomphal. Les détails de lenlèvement suscitèrent un enthousiasme délirant et des propos animés qui, avec lappui de vins fins et de champagne, se prolongèrent tard dans la nuit…

N. IENICHE

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